Assurance-vie : la chose est-elle encore rentable ?

Dernière mise à jour le 16 septembre 2022

Avec des taux toujours très bas, comment est-il possible que les banques françaises rémunèrent autant les contrats d’ assurance-vie ? On le voit sur tous les écrans de publicité des banquiers ou des assureurs, les rendements sur les contrats d’ assurance-vie ont beau baisser, ils sont toujours les investissements à risque modéré les plus rémunérateurs, même sur des fonds Euro. Mais quand vous placez votre argent sur un contrat d’ assurance-vie, savez-vous réellement où vous mettez vos économies ?

Sur quoi repose un contrat d’ assurance-vie ?

Investir dans un contrat d’ assurance-vie revient à acheter des obligations d’état. Or, vu l’état dans lequel se trouve l’état Français, vu comment la gestion des finances publiques est orchestrée, il serait presque moins risqué de jouer à la roulette russe avec des warrants… Plus sérieusement, devenir propriétaire de ces obligations d’état, c’est en somme devenir propriétaire de nos dettes communes, celles de l’état. Et le risque que celui-ci ne puisse rembourser votre investissement existe, quoiqu’on en dise. Attention à la fameuse crise de la dette.

En règle générale, lorsque l’on choisit son investissement, la hauteur du taux de rendement affiché dépend directement du risque pris. Donc, sur les marchés boursiers, vous pouvez trouver des opérations très rémunératrices… Quand elles fonctionnent. Soit vous avez eu le nez creux et vous avez doublé votre capital en moins de temps qu’il ne faut pour cliquer « Valider l’investissement », soit vous perdez tout votre capital. C’est le jeu. Mais au moins, vous êtes au courant. Normalement, donc, plus le taux de rémunération est bas, et plus le risque est limité. Vous ne pourrez pas gagner autant, mais vous êtes certains de conservez votre capital de départ dans le pire des cas.

Ça, c’est la théorie. Et il faut avouer que la pratique ressemble un peu à ça. Sauf à parler des contrats d’ assurance-vie. Car ici, pour un rendement 2016 variant entre 2 et 3 % nets en moyenne (taux observés dans les banques en ligne et chez LinXea par exemple), le risque est finalement énorme. D’abord parce que la dette de la France atteint des plafonds colossaux et que le pays risque donc tout simplement la banqueroute. Et ensuite parce que la France a fait voter la loi Sapin 2. Sapin 2, vous voyez ce que c’est ?

rentabilité assurance vie - illustration

Quel risque pour le capital ?

C’est important de s’intéresser de près aux lois votées par nos très chers (dans tous les sens du terme) représentants. Bon, pour faire court, la loi Sapin 2 autorise, entre autres, le gel des avoirs des épargnants en cas de crise. C’est bien voté, et c’est même prêt à l’application. Et je peux vous garantir qu’une seule couche suffit. Donc, en cas de crise de la dette, l’état de remboursera pas et se refera sur les obligations d’état qu’il a cédé. Pas mal, non ? Ce qui signifie que votre capital investi dans une assurance-vie sera perdu. A tout jamais. Enfin, surtout pour vous.

D’où, la question suivante ; pour un rendement si faible, est-il raisonnable de prendre autant de risques ? Les grands cabinets spécialisés nous expliquent les uns après les autres, à grands renforts de communication, que le pire est derrière nous. Ne vous inquiétez pas, les taux vont remonter et tout ira pour le mieux. En fait, ce discours a une double fonction ; continuer de collecter des fonds pour financer l’état, et évitez le rush bancaire de l’ assurance-vie, autrement dit, le retrait de l’épargne par les investisseurs par le biais de rachats. Là, ce serait vraiment la catastrophe obligataire.

Donc, selon les projections des éminents spécialistes, les mêmes qui n’ont pas venu venir les subprimes et leurs conséquences, le plancher des rendements sur les assurances-vie devrait intervenir en 2018, avec des rendements nets autour de 1,40 %. La projection faite est basée sur la valeur des OAT à 10 ans. Une OAT ? C’est une Obligation Assimilable du Trésor. Autrement dit, une dette. C’est vous qui faites crédit à l’état. S’il peut vous rembourser, il vous délivrera quelques intérêts… Les spécialistes nous disent donc qu’en toute vraisemblance, les taux des OAT 10 ans devraient être de 0,90 % en 2017, 1,20 % en 2018 et de 1,60 % en 2019, relançant ainsi la machine grâce à la hausse des taux. Alléluia ! Nous sommes sauvés. Sauf que, ceci n’est qu’un scénario possible mais peu probable.

rentabilité assurance vie

Quelles sont les prévisions ?

Si j’ai un conseil à délivrer, ce n’est pas de faire sortir vos économies de votre assurance-vie. Le but n’est surtout pas de céder à la panique. C’est le meilleur moyen de la généraliser. Il existe de nombreux cas où l’investissement dans une assurance-vie se révèle très intéressant malgré tout. Néanmoins, avant de céder aux chants des sirènes financières, évaluez vos besoins patrimoniaux, et sachez faire les bons choix. Si les taux de rendement des assurances-vie baissent aujourd’hui, c’est normal. Il est même anormal de voir des rendements encore si élevés avec des taux aussi bas. Les banquiers et les assureurs ponctionnent d’ailleurs sur leurs réserves pour offrir ces rendements à leurs clients, au risque de voir ses réserves diminuer dangereusement.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une régulation est intervenue sur le sujet. Baisser les rendements des assurances-vie devenait vital pour la santé des groupes bancaires. Car avec 1 400 Milliards d’Euros placés à ce jour dans les contrats d’assurances-vie, l’équilibre est fragile. Pas assez de rendements, et les clients s’en vont investir ailleurs. Ce qui peut poser un grave problème au fonctionnement de l’état. Mais trop de rendement offert, et ce sont les réserves bancaires qui souffrent, et donc l’encours de prêt qui baisse mathématiquement, du fait des régulations intégrées dans Bâle 2. Le financement de l’économie réelle est donc moindre et cette dernière tourne au ralenti.

Tout le jeu entre l’assureur et l’assuré se joue sur la confiance. Une perte de confiance et le château s’écroule. Trop de confiance et c’est la sortie de route assurée. Et ce qui est vrai pour les assurances-vie est vrai pour tous les marchés. Ce système monétaire dans lequel nous vivons, cette société hyper-marchande qui est la nôtre, tout cela repose uniquement sur la confiance. Il suffit d’une perte de confiance massive pour que tout s’écroule. De fait, posez-vous la bonne question ; où en est votre confiance dans les institutions étatiques et les institutions bancaires. Hmm ?

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