Vers une nouvelle dérégulation ?

Dernière mise à jour le 18 juin 2020

Depuis quelques années et devant la volonté des états de mieux contrôler les flux faramineux qui circulent sur les marchés, il a été décidé d’interdire à tout établissement bancaire de posséder des encours de créances supérieures à un certain ratio, déterminé par les fonds propres de la banque en question. Ce qui signifie qu’en fonction de ses fonds propres, il peut arriver qu’un établissement bancaire ne puisse plus prêter, théoriquement. Parce qu’avant d’en arriver là, il faudrait qu’il y ait une réelle demande des consommateurs, et donc une croissance à 2 chiffres. L’idée d’une “dérégulation” pour les petits établissements fait donc son chemin.

Ne plus obliger les petits établissements à suivre la règle…

Avant tout, ce mécanisme a pour but de limiter les banques sur leurs prises de positions sur les marchés, bien plus que de limiter l’accès aux emprunts pour les particuliers et/ou les professionnels. Ensuite, ce sont les banques qui déterminent leurs propres politiques, en fonction des règles établies. Et, si elles font le choix des marchés, il est certain qu’il ne restera plus de fonds pour l’économie réelle. C’est d’ailleurs en ce sens que militaient les économistes anti QE au moment où la BCE a choisi cette option pour « relancer la croissance » (Quantitative Easing, politique de la planche à billets). Tous savaient très bien que ces fameuses sommes injectées pour booster l’économie finiraient sur les marchés et ne verraient jamais l’ombre d’un utilitaire ou de matériels de bureau. Aucun crédit à espérer, et pas de quoi non plus nourrir son épargne. En même temps, à compter du moment où ce sont les banques qui doivent redistribuer, on devrait déjà douter de l’équité dans la distribution, non ?

Mais qu’importe, puisque la solution ne fonctionne pas, continuons. Et on va même aller plus loin encore si l’on en croit Jonathan Hill, chantre de la dérégulation totale… Pour les petits établissements, trop limités par leurs fonds propres pour pouvoir prêter à l’économie réelle. De cette façon, les petites banques, par ailleurs dégagées de certaines obligations en matière d’informations financières et de publications, (c’est toujours ce que souhaite Mister Hill) pourraient largement outrepasser la limite convenue et ainsi, toujours selon notre cher Jonathan Hill, contribuer à relancer la croissance…

Ce qu’il y a de drôle avec ces gens là, c’est que soit ; ils pensent réellement qu’une simple pensée magique va tout arranger et réparer leurs âneries passées ; soit leurs desseins sont bien plus noirs. Rappelons toutefois que l’auteur de cet argumentaire effectué à Amsterdam, juste avant que les ministres des finances de l’Union Européenne ne se regroupent, n’est autre que Commissaire Européen à la Stabilité financière, aux Services financiers et à l’Union du marché des capitaux, depuis 2014. Rien que ça. Le type qui vante la dérégulation est commissaire à la stabilité. Fort, non ?

deregulation

Dans quel but et pour quelles conséquences ?

Autrement dit, il n’y a même plus besoin d’attaques extérieures pour déstabiliser l’économie. Elles se font directement en interne. Le problème est que sans ces contraintes, les petites banques ne connaîtront alors plus de limites quant à leurs investissements et au placement de leurs créances. Mais choisiront-elles de financer l’économie réelle ? On en doute fortement, malheureusement. On imagine plutôt que les dites banques alimenteront de nouvelles bulles financières, qui gonfleront puis s’effondreront sur elles-mêmes, c’est-à-dire du vent, mettant ainsi à vif et à nu, les petites banques, mais également l’incompétence (ou la malignité ?) de nos dirigeants politiques et économiques.

Mais le plus grave, c’est que Jonathan Hill n’est pas le seul à appeler cette réforme de ses voeux. Certains gouvernements et la quasi-totalité du secteur financier abondent dans ce sens. De façon à être tout à fait équitable, je précise quand-même que l’argument avancé ici pour promouvoir ce scénario est la capacité nouvelle de prêts aux entreprises que générerait une telle dérégulation sur les petites banques.

Un argument encore jamais avancé jusque là. Si ? Ha bon…

Quoiqu’il en soit, la loi n’est pas encore votée, et n’est pas non plus à l’ordre du jour de la Commission Européenne. Mais à la vitesse où vont les idées quand elles bénéficient d’une belle campagne de promotion, il y a fort à parier que l’on reparle de ce sujet dans peu de temps… Toutefois, la chose se pense en premier lieu pour les établissements bancaires travaillant sur les marchés avant tout. Il est vrai que nombre de banques ont lié leurs activités sur les marchés et leurs établissements de dépôt. Pour bien faire, il aurait fallu séparer ces activités, pour plus de sécurité pour les déposants, y compris pour les banques en ligne.

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