Dernière mise à jour le 18 juin 2020
Dans la plupart des pays européens, on constate depuis quelques années une recrudescence du nombre de fermetures d’agences bancaires. Ce phénomène, facilement imputable à la situation économique difficile et à la montée de la concurrence de la FinTech, connaît une petite exception en France. Mais cette situation va-t-elle durer ?
Recul du nombre d’agences : l’exception française
C’est une information corroborée par les chiffres de la Banque Centrale Européenne (BCE) : il y a bien une exception française concernant les réseaux d’agences bancaires. La France est devenue en 2012 le pays européen qui possède la meilleure couverture nationale : ce sont pas moins de 37 567 agences qui sont réparties sur le territoire, d’après les chiffres de 2015. Elle est bien en avance sur ses voisins européens : l’Allemagne à 34 045 (alors que le pays est plus peuplé), l’Espagne à 31 087, l’Italie à 30 475, et le Royaume-Uni qui plombe la moyenne avec 10 760 agences sur son territoire. Avec 570 agences par million d’habitants, la France est donc l’un des pays avec la plus grande densité d’agences bancaires au monde.
Cette exception pourrait bien durer, car pour l’instant l’Hexagone tient tête au recul annoncé du nombre d’agences. Le recul du nombre d’agences entre 2011 et 2015 s’est limité à -2,2%, contre environ -10% en Allemagne et au Royaume-Uni, et même -22% en Allemagne ou -33% aux Pays-Bas ! L’ensemble des grandes banques européennes ont effectivement ajusté leurs prévisions de croissance, et ont opéré un switch stratégique afin d’aligner le nombre d’agences sur la baisse de la fréquentation globale de ces dernières.
La fermeture massive n’est plus tabou
Comme dans n’importe quel autre secteur économique, les fermetures massives ne sont jamais vues d’un très bon œil par l’opinion publique. Seulement, la rentabilité des agences est sérieusement remise en question par la transformation digitale du secteur financier. Le numérique et le mobile permettent aux clients de s’émanciper totalement des agences bancaires : ils ne sont plus que 20% à se rendre à leur agence bancaire une fois par mois – chiffre qui chute à 13% pour les 18-24 ans. La politique inflationniste de la BCE, qui maintient des taux historiquement bas depuis plusieurs années, ampute aussi très sévèrement les marges : les dépôts rapportent moins (pour ne pas dire “plus rien”), et les revenus sont donc amputés de 15 à 20% selon les estimations.
C’est pourquoi les banques tricolores, elles-aussi, ont commencé à lancer le mouvement : la Société Générale (propriétaire de Boursorama Banque) a annoncé la fermeture de 400 agences d’ici 2020, soit 20% de son réseau. Et le mouvement est le même pour presque tout le monde : 247 fermetures pour LCL, 200 fermetures pour BNP Paribas, 400 fermetures pour BPCE, … le tout dans les 3 années à venir.
En revanche, les banques mutualistes continuent leur petit rythme de fermetures tranquille, sans annoncer de plans de réorganisation d’envergure. Ces banques mutualistes sont une exception française, et elles attachent une importance toute particulière à la relation de confiance que représente une agence physique. Sécurité, proximité, expertise et dialogue sont des points toujours appréciés par les clients et qu’il ne faut pas négliger : le coût d’entretien d’une agence bancaire physique est donc aussi une dépense marketing importante.
Un paradoxe soutenable ?
D’un côté, on a donc une conjoncture difficile qui pèse fortement sur la rentabilité. De l’autre, on a des établissements bancaires qui font le choix délibéré de maintenir leurs réseaux d’agences. Comment sera-t-il possible d’équilibrer la balance ? Les banques ont un point d’équilibre à trouver, éventuellement en ouvrant de nouveaux concepts et formats d’agences. Mais pour l’instant, difficile d’imaginer la situation continuer de la sorte.
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