Les banques françaises fraudent en masse…

Dernière mise à jour le 18 juin 2020

Alors que nos responsables politiques arguent toujours de l’austérité pour mieux nous contraindre, il s’avère que les établissements bancaires mènent la grande vie dans les paradis fiscaux et échappent à l’impôt bien plus qu’ils ne devraient. C’est le constat qu’à fait Oxfam en se saisissant des données pays par pays, obligatoirement retransmises par les banques Européennes depuis la loi de « reporting pays par pays public de 2015. »

 

Qui est Oxfam ?

Oxfam International est une sorte de confédération, rassemblant 18 fédérations, toutes indépendantes les unes des autres, juridiquement parlant, mais étant relié par un désir commun ; agir « contre les injustices et la pauvreté ». Bien que l’on entende de plus en lus parler d’elle, cette organisation ne date pas d’hier. Elle a été fondée en 1942, en Angleterre, alors que les Grecs souffraient de famine à cause du blocus imposé par les Anglais pour cause d’occupation Nazie. Des citoyens et des étudiants d’Oxford ont donc forcés le blocus pour affréter un bateau chargé de vivre à destination de la Grèce. Oxfam est donc le raccourci du Oxford Committee For Famine Relief, l’abrégé datant de 1965. Oxfam est désormais une ONG qui lutte sur le terrain médiatique, économique, humanitaire mais aussi politique.

Les chiffres dévoilés par l’ONG ne sont donc pas sortis de nulle part. Ils résultent d’une enquête regroupant les chiffres donnés par les banques elles-mêmes au sujet de leurs résultats et de leurs bénéfices pays par pays. Et attention aux surprises !

 

Les banques Françaises, reines de la fraude à l’impôt ?

Précisons que l’étude porte sur les 20 plus grandes banques Européennes, parmi lesquelles on trouve 5 établissements Français ; la BNP Paribas, la SG, le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel-CIC et le groupe BPCE. Et sachez que les chiffres que je vais vous donner par la suite ne reflètent qu’un « bilan amoindri », c’est-à-dire en dessous de la réalité. Pas question ici de faire le buzz pour le buzz. Ce n’est pas la culture d’Oxfam.

Pour l’année 2015, il apparaît donc que les 20 plus grandes banques Européennes déclarent 25 % de leurs bénéfices dans des paradis fiscaux. Vous avez bien lu ! Un quart des bénéfices de nos chères banques (le mot prend tout son sens) provient de leurs activités dans les paradis fiscaux. Ce qui représente la modique somme de 25 Milliards d’Euros. Mais ce n’est pas fini. Prenons des exemples. Vous allez rire…

Le Luxembourg, paradis fiscal à nos portes, à rapporté aux banques Européennes 4,9 milliards d’Euros de bénéfices en 2015. Ça ne vous dit peut être rien comme ça, mais cette somme représente plus que les bénéfices réalisés au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suède réunis ! Là, ça parle tout de suite plus. Comment est-il possible de réaliser un bénéfice aussi énorme dans un pays si petit ? À votre avis ?

Mais continuons. 628 millions d’Euros de bénéfices proviennent de pays où les banques n’ont même pas un seul employé ! Trois banques Européennes sur 5 qui sont implantées aux États-Unis le sont dans l’état du Delaware, LE paradis fiscal au cœur même des États-Unis, dépassant dorénavant en performances d’optimisations fiscales des Vanuatu ou les Îles Vierges. Pire Sur toutes les filiales qu’Oxfam a pu précisément localiser, 42 % possèdent la même adresse ! Un bâtiment qui concentre à lui seul plus de 285 000 adresses juridiques d’entreprises ! Mais si les pays subissent la fameuse dette, c’est à cause de nous ?! Soyons sérieux…

Tous les chiffres sont vérifiés et certifiés. Pour vous donner un détail de plus, sachez que l’ensemble des paradis fiscaux ne dépasse pas les 5 % du PIB mondial et ne représente qu’à peine 1 % de la population mondiale. Les résultats ne sont donc pas cohérents. C’est le moins que l’on puisse dire.

 

Que faire pour arrêter le fléau ?

Le phénomène n’est pas nouveau. Les Panama papers et le dernier rapport d’Oxfam ne sont malheureusement que deux exemples supplémentaires du cynisme et de la cupidité des multinationales et des entreprises financières. Dans ce rapport, on apprend encore qu’en Irlande, 5 banques Européennes sont parvenues à obtenir un bénéfice supérieur à leur chiffre d’affaire. Et pourtant là, nous sommes bien au cœur de l’Union Européenne.

L’opacité qui règne autour de la question d’harmonisation fiscale Européenne voire mondiale, et la porosité gênante existant entre la commission Européenne, les divers élus et le monde financier expliquent l’inertie du monde politique sur la question. Il est toujours plus facile de montrer du doigt et de culpabiliser la veuve et l’orphelin que de fustiger les pratiques déloyales des puisant banquiers. Eux qui tirent les ficelles en délivrant les crédits indispensables à la survie des états.

Les banques Françaises à elles seules représentent plus de 5 milliards d’Euros, on le rappelle, au bas mot de cette fraude fiscale géante. Mais il faut s’imaginer que la fuite est bien pire que cela. Ce que les banques font pour elles, elles le font également pur leurs clients les plus fortunés. Et il existe bien plus de très grosses entreprises que de banque dans le monde. Imaginez alors la hauteur de l’arnaque…

Et surtout, vous vous souvenez du discours de Frédéric Oudéa, le boss de la SG, en 2012, qui déclarait devant une commission parlementaire que tout ça, c’était fini et qu’on ne l’y reprendrait plus. Raté Frédéric. Voilà sans doute pourquoi les banques Françaises ne sont plus crédibles aux yeux des particuliers et que de plus en plus de personnes migrent vers des solutions moins coûteuses et plus simples comme les cartes prépayées, les comptes sans banque ou les néobanques, issues de la FinTech et non du monde bancaire.

Le problème de cette évasion fiscale, c’est que leur dette, nous la payons deux fois. D’abord sous forme d’impôts qu’eux ne payent pas, et ensuite dans les multiples frais que nous leur accordons encore trop volontiers. Alors certes, il existe des solutions. Des solutions juridiques déjà. Mais elles ne sont que trop rarement appliquées du fait de la « timidité »du monde politique à intervenir sur le sujet. Et puis ces groupes savent manier le chantage à l’emploi…

La première des solutions, c’est de faire en sorte de leur laisser le moins possible d’argent. Place ailleurs que par le biais de votre banquier, choisissez toujours les banques où les frais sont minimaux, comme les banques en ligne, ou optez pour les banque plus coopératives, plus collaboratives, responsables, prônant une économie durable, comme la Nef Banque ou le Crédit Coopératif. Puisque nous ne pourrons pas décider nos chers représentants du peuple à punir sévèrement les réels coupables de la crise économique, à moins d’un miracle électif en mai prochain, alors prenons le taureau par les cornes et commençons le combat chacun à notre échelle. Ne les laissons plus gérer notre argent, mais gérons le nous-mêmes… Les petites gouttes d’eau font parfois de très grosses rivières.

P.S. Pour ceux et celles qui souhaiteraient lire directement le rapport d’Oxfam, il est disponible à cette adresse : https://www.oxfamfrance.org/sites/default/files/file_attachments/01_banquesenexil_2703_french_final.pdf.

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